Grande Traversée du Jura

La Grande Traversée du Jura (ou GTJ), que j’ai parcourue pendant l’été 2022, est un sentier de grande randonnée long d’environ 400 km, et comptant environ 11 000 m de dénivelé positif en cumulé.
Il s’agit d’un chemin de moyenne montagne, le point culminant étant le Crêt de la Neige, à 1720 m d’altitude.
La GTJ traverse trois départements : le Doubs, le Jura et l’Ain. Le tracé longe souvent la frontière suisse.

Source : ffrandonnee.fr

Le GR est praticable dès avril entre Mandeure et Villers-le-Lac, et l’est plus généralement entre mai et octobre en fonction de l’enneigement au-delà des 1000 m d’altitude. Comme je suis partie en été, je n’avais pas cette éventualité à prendre en compte ; mais si vous partez à une autre période, je vous conseille de faire un point météo.
Idem : les orages en montagne sont à prendre au sérieux. Il est bon de vérifier la météo tous les jours lors de votre randonnée, afin de ne pas avoir de mauvaise surprise en haut d’un col, par exemple.

Enfin : si les endroits de bivouac sont possibles et relativement faciles à trouver sur la GTJ, cette pratique est interdite à certains endroits. Ainsi, les forêts du Risoux et du Massacre, ou encore la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura, sont des zones protégées. N’hésitez pas à consulter la réglementation en vigueur.

J’ai marché sur la Grande Traversée du Jura en dix-sept jours, en comptant un jour de repos. En moyenne, la GTJ se parcourt entre quinze et vingt jours.
Dans cet article, j’ai divisé le sentier en trois parties, chaque partie représentant entre cinq et six jours de marche.

Mandeure > Pontarlier

Mandeure est un village se situant au sud de Montbéliard. Le point de départ de la GTJ se trouve à côté de son cimetière, indiquée par un grand panneau impossible à rater.
Il me semble que ce premier tronçon est le moins fréquenté de tout le GR. En effet, beaucoup de randonneurs commencent la GTJ à Pontarlier, la plus grosse agglomération traversée par le tracé. C’est un peu dommage, car cette partie a été l’une de mes préférées.

Sur ce tronçon, les reliefs sont un peu moins hauts que sur le reste du parcours. En cet été frappé par la canicule et la sécheresse, cette portion de la GTJ est la plus verdoyante – même si le manque d’eau est visible, notamment avec le Saut du Doubs complètement à sec.
Le GR passe par de charmants villages, tels que Fessevillers, Soulce-Cernay ou Goumois. Mais mon coup de cœur a été pour les splendides gorges du Doubs.

Soulce-Cernay

Pas mal de randonneurs sautent cette partie (qui se parcourt en deux ou trois jours) à cause du manque de ravitaillement en eau et en nourriture, et de la présence de peu d’hébergements – il est nécessaire de sortir du tracé. Ils ratent alors l’un des plus beaux tronçons de la GTJ à mes yeux !
Les gorges sont superbes, et suivent le fil du Doubs, fleuve tumultueux. Le chemin est technique à certains endroits : le sentier est souvent escarpé, et il y a quelques passages avec des échelles ; notamment les emblématiques Échelles de la Mort – qui n’ont rien de dangereux, mais elles peuvent être impressionnantes !

  • Pour le ravitaillement en eau : plusieurs sources sont présentes dans les gorges. Cependant, la plupart étaient asséchées cet été ; il peut être malin de s’équiper d’un filtre à eau.
  • Pour le ravitaillement en nourriture : un food-truck s’est récemment installé au pied des Échelles de la Mort (donc à peu près à mi-parcours) : la Bricotte du Refrain. Il faut attendre sinon la fin des gorges, au Saut du Doubs, où se trouve un restaurant très touristique.
  • Pour le bivouac : de nombreux refuges sont présents le long des gorges. J’ai dormi dans une ancienne chapelle reconvertie en refuge, près des Échelles de la Mort.

Bref : cette partie de la GTJ vaut vraiment le coup d’être parcourue ; il serait dommage de la rater.

Pontarlier > Le Bief de la Chaille

Pontarlier est la plus ”grosse” ville par laquelle on passe sur la GTJ. C’est à partir d’ici que j’ai croisé le plus de randonneurs, même s’il n’y avait pas foule non plus.

Peu après Pontarlier, je dévie momentanément de la GTJ pour longer le très beau lac de Saint-Point : il fait si chaud ce jour-là que ça me fait beaucoup de bien. Il est possible de rejoindre le tracé au village de Malbuisson.
Le GR fait ensuite grimper au Gros Morond, un mont culminant à 1419 m d’altitude. On peut faire un petit détour par le Mont d’Or (1461 m), afin d’avoir un superbe panorama sur la chaîne du Jura.
On redescend alors à Mouthe, un village à 1000 m d’altitude, surnommé ”la petite Sibérie” : des températures records y ont été relevées, allant jusqu’à -41°C en 1985 ! C’est dans ce village que je suis gentiment hébergée par Serge et Patricia, un couple avec qui j’ai discuté alors que je buvais une menthe à l’eau à la terrasse d’un camping. Un grand merci à eux !

La GTJ passe ensuite par la forêt du Risoux et atteint la charmante Chapelle-des-Bois. Après le village, je monte au belvédère qui surplombe la vallée et je m’y installe pour bivouaquer. La montée pour y accéder est rude : très raide, escarpée, à flanc de falaise, il est parfois nécessaire de s’aider de ses mains (il y a même une partie avec des câbles pour se tenir). Mais une fois devant le panorama qui s’offre à nous là-haut, la difficulté de la montée est vite oubliée ! On peut d’ailleurs voir, au loin, les lacs de Bellefontaine et des Mortes.

C’est à partir du lendemain que les journées deviennent pluvieuses et plus froides. Fatiguée, et seulement équipée d’un tarp, j’ai envie de dormir dans un gîte. Après avoir fait un détour par Morez (une bonne grosse descente) afin de me ravitailler, j’ai du mal à trouver un hébergement aux Rousses, une station de ski très touristique. Tout est complet !
Je pousse donc plus loin, et je m’arrête au hameau du Bief de la Chaille, et plus précisément au gîte d’étape La Grenotte. Je suis si bien accueillie, et l’atmosphère des lieux est si chaleureuse, que je décide de m’accorder un jour de repos et d’y rester deux nuits. Je m’y sens presque comme chez moi, et j’y rencontre des personnes très chouettes. Je recommande chaudement cet endroit !

Le Bief de la Chaille > Culoz

On entre dans la partie la plus technique et la plus physique de toute la GTJ – mais aussi l’une des plus belles. Si le soleil est revenu lorsque j’ai parcouru ce dernier tronçon, de nombreux orages assez violents ont eu lieu plusieurs jours d’affilée, en fin de journée.

La GTJ passe d’abord par la forêt du Massacre (qui tient son nom des nombreuses batailles qui y ont eu lieu suite à la Guerre de Cent Ans), puis grimpe à la Borne au Lion, à 1289 m d’altitude. On entre ainsi dans la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura, et l’on peut voir au loin les imposantes crêtes par lesquelles le sentier fait passer ensuite.
Le jour-même, j’arrive à Lélex sous un gros orage et des énormes bourrasques de vent qui m’ont balayée dans tous les sens. J’atteins le gîte d’étape trempée comme une soupe, et bien secouée. Je profite néanmoins de cette nuit dans un bon lit pour planifier l’étape du lendemain, qui s’annonce être la plus corsée de tout le parcours.

En effet : à partir de Lélex commence le tronçon qui comprend les fameux Crêts de la Neige (1720 m) et du Reculet (1718 m). L’itinéraire suit une crête d’altitude ; au ras de la falaise, le parcours est vertigineux et technique. Mon topo-guide le précise bien : si cette partie est tout à fait faisable par beau temps, elle s’avère beaucoup plus délicate en cas d’intempéries, comme la neige tardive ou le brouillard.
Ce jour-là, de violents orages sont prévus à partir de 17h. L’étape sur la crête est longue et très exposée : il serait dangereux de se retrouver piégé sous la tempête. Comme les autres randonneurs présents au gîte, je décide de raccourcir un peu la portion en prenant les télécabines depuis Lélex, m’épargnant ainsi une heure et demi de montée pas très intéressante.

Les paysages sont à couper le souffle, mais je ne perds pas de temps – surtout que les refuges situés sur la crête, comme ceux du Gralet ou de la Poutouille, sont fermés sous la décision d’un arrêté préfectoral (risques d’incendies à cause de la sécheresse). Je n’ai vraiment pas envie de me retrouver sous l’orage.
Les nuages sont tout de même présents, et pendant un long moment, je me retrouve à devoir avancer dans un épais brouillard. Je ne vois pas à cinq mètres devant moi. C’est une première pour moi ; et même si je garde mon calme, je suis impressionnée et un peu oppressée.
Il faut vraiment faire attention à ne pas perdre le balisage. Le terrain est technique, souvent glissant. Je ne vois pas le vide, mais je le sens – ce qui est presque pire.
Après cette éprouvante étape, j’arrive au gîte de Menthières (hors GR), juste avant que l’orage éclate. Je n’aurais pas aimé être là-haut à ce moment-là !

Vue depuis Le Reculet

Le GR passe ensuite par Bellegarde-sur-Valserine – beaucoup de randonneurs s’arrêtent ici -, et longe notamment les jolies pertes de la Valserine (des cascades).
Puis le sentier offre un grand final : l’ascension du Grand Colombier, un mont culminant à 1531 m au-dessus de Culoz. Il y a encore quelques portions techniques : une montée et une descente bien raides (et rendues glissantes à cause de la pluie et des feuilles mortes), ainsi qu’un chemin de crête. Mais par ce temps dégagé, il y a un magnifique panorama à 360° sur les massifs du Jura et des Alpes.
Ça se termine en beauté !

La descente jusqu’à Culoz est par contre longue et ennuyeuse, mais elle signe la fin de la Grande Traversée du Jura – et ça, c’est quelque chose.
Culoz est un village au centre historique plutôt charmant. Par contre, plusieurs hébergements ont mis la clef sous la porte : je dors donc au camping municipal, qui est tout à fait sympathique – et qui propose de bonnes pizzas, soit dit en passant.

Quelle aventure que cette Grande Traversée du Jura !
C’est un magnifique GR, plutôt sauvage, assez peu fréquenté – du moins, quand je l’ai parcouru, je n’ai pas croisé grand-monde. C’est un chemin sportif et plutôt technique ; si vous n’êtes pas habitués à la randonnée itinérante en montagne, il peut s’avérer être un bon défi pour vous. Mais quelles récompenses il offre !

Si jamais mon expérience et mon vécu sur la GTJ vous intéressent, j’en ai écrit un article de blog.
Et, bien sûr, j’ai réalisé plusieurs vidéos YouTube retraçant mon parcours : vous pouvez accéder à la playlist ici.

Je vous souhaite de tout cœur de vivre, vous aussi, cette belle épopée jurassienne !